Plongée sans sel

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Hirondelle (Vaud)

Plongée > plongée lac & rivière > Léman (F/CH)

Andrew FORTUNE éclaire avec son casque la cloche moderne
Nikon F90x + Sigma 14/f.2,8. Fujicolor SuperG 800, poussé à 1600 iso
Ma première plongée trimix en SCR Dolphin (très) modifié sur les conseils d'Andrew.



"Une Hirondelle dans le Léman"
Ce dimanche s’avère très prometteur, me dis-je, tout en regardant le reflet du soleil dans le lac Léman, en contrebas de l’autoroute. La ville de Lausanne est déjà dépassée et notre destination, Vevey, est proche. Les vignes en terrasse que nous traversons donnent un petit air de Méditerranée à cette région de la Suisse Romande. Au loin un sillon de vagues dessine une immense flèche s’élargissant, ombre fidèle d’une petite embarcation. Un pêcheur, sans doute, et un courageux aussi car il est bien tôt !

La côte française se dessine à peine sur l’horizon de cet automne plutôt clément. Je songe aux 13km d’eau douce qui nous séparent des Préalpes. Le Léman semble absolument gigantesque vu d’ici et c’est non sans fierté que je me réjouis d’explorer ses profondeurs. Je pense alors à la plongée trimix qui nous attend : profonde, longue et surtout froide ! Mais nous allons plonger sur l’un des plus beaux tombants du Léman en passant sur l’une des plus belles épaves d’eau douce d’Europe, l’Hirondelle, qui fit naufrage en 1862.

Historique
Son histoire est assez étonnante. Nous sommes au milieu du XIXe siècle, la navigation à vapeur est en pleine essors sur le Léman. Parmi les compagnies de navigation qui se partagent le marché du transport de voyageur et des marchandises, deux sociétés, celle de l’Aigle et du Léman, commandent un nouveau bateau au constructeur Esher & Wyss à Zürich pour répondre à une demande qui semble devoir encore augmenter du fait de l’arrivée du train dans la région.

Caractéristiques
De type bateau à pont ras, les dimensions de l’Hirondelle sont respectables : 11m de largeur hors tout et 52m30 de longueur sur le pont. Son tirant d’eau, adapté à un lac, est faible: seulement 1m33. Sa propulsion est assurée par une machine à vapeur verticale à deux cylindres oscillants, développant 65cv nominaux. Il peut ainsi emporter 800 passagers à la vitesse maximale de 23km/h.

La plongée
Cette épave est une légende dans le milieu des plongeurs lémaniques. Non pas qu’elle soit inaccessible mais sa visite reste une réelle aventure tant du fait de sa profondeur, du froid prenant et de la visibilité médiocre. Plus aventureux encore est la plongée sur le tombant proche dont la falaise atteint plus de 120m de profondeur .

« Faut être un peu maso quand même ! », a sûrement été la remarque la plus entendue de cette matinée…Nous rejoignons enfin le reste de l’équipe en contrebas du chemin menant au lac : nous sommes maintenant au complet, soit quatre plongeurs trimix expérimentés. La mise à l’eau se fait depuis un petit chemin, coincé entre de magnifiques villas vaudoises.

Nous nous faisons discrets car à la merci d’une dénonciation téléphonique à la moindre gêne sur cet étroit passage. Par politesse, l’ordre doit régner ! L’équipement est comme d’habitude un déballage de matos : combinaisons étanches, bi-bouteilles 2x12l ou 2x15l, décos alu ou acier, etc. Un recycleur malgré tout dans le lot, mézigue, qui a préféré prendre son Dolphin (très) modifié avec 2x10l alu en déco sous les bras.

Mon caisson photo à la main, je n’ai plus de assez de doigts libres pour pouvoir me gratter l’oreille ! S’annonce le plus pénible: palmer jusqu’à la balise rouge signalant le Bec (= avancée rocheuse) de Peilz, cause du naufrage. De-là, nous nous enfonçons à la recherche de la trace laissée par la coque glissant sur le fond argileux, voilà presque un siècle et demi. D’un monde lumineux mais verdâtre, nous passons assez rapidement au noir absolu, à peine troué par l’éclat de nos phares. A –42m, l’étrave apparaît. Superbe. Nous la délaissons afin de rejoindre au plus vite le tombant. Le pont, très incliné, nous indique la direction jusqu’à sa disparition, avalé par l’argile. Nous sommes à –66m , plus très loin de la falaise.

Enfin, elle est là. Un grand vide dans un décor minéral. Impressionné par la clarté nouvelle de mes pensée (merci le tx), je regardais le vide devant moi, un vide si absolu qu'on l'aurait suspecté d'être un décor peint en noir ! Petite excursion à –77m et puis c’est le retour. La « vieille Dame » agrémentera nos nombreux paliers de ses beaux atours.

Andrew s'appuie sur l'un des troncs longitudinaux utilisés pendant les travaux de sauvetage.
Coulés avec le bateau, ils troublent un petit peu le plan d'ensemble, au début tout du moins.

L'accident
Le 27 août 1862, l’Hirondelle quitte la cale sèche d’Ouchy à Lausanne (où se situe encore de nos jours le chantier naval de la CGN). Le 19 février 1857, le bâtiment s’échoue à Promenthoux. Incident peu fâcheux car il est rapidement dégagé. Il en va tout autrement le 10 juin 1862. le navire talonne sur un rocher devant la Becque-de-Peilz, près de Vevey. Bloqué, il est impossible de le dégager. Durant les travaux, il affronte deux tempêtes. La seconde aura raison de l’Hirondelle qui sombre définitivement le 18 juillet 1862. L’épave sera oubliée pendant près d’un siècle avant d’être redécouverte dans les années ’60 par des plongeurs.

Quand l'Hirondelle s'échouait devant la Becque, Olivier DEDIE, Société d'Histoire de la Côte, 2000

Un petit livre sympa pour en savoir plus

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