pointe juin 07 - Plongée sans sel

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pointe juin 07

Plongée > plongée spéléo > Font Estramar (F)

Plongée de pointe juin 2007
Photos de surface: Canon IXUS 850 IS / sub: idem + caisson IKELITE + grand-angle INON UFL-165AD
Jérôme Meynier est de passage (à nouveau) dans le coin pour (re)faire une pointe à Font Estramar. Rdv est pris pour discuter des préparatifs au siège du célèbre club spéléo gruissanais, le G.P.S., dont chaque m2 est tapissé de matos (mieux que la grotte de Lascaux).

Jérôme et David causent

Samedi 28 mars 2009 - décès de David au Ressel. Mes meilleures pensées à toi et à ta famille.

Photo du milieu: contrôle de la tension de deux cellules IT Gambert
Photo de droite: contrôle d'étanchéité de la boucle à l'inspiration/expiration
La préparation de la plongée du lendemain se double d'une préparation du recycleur DDD de Jean-Luc.Avis du médecin légiste: mort prématurée par vieillissement ! Le consensus est total: il s'agit d'une marque à éviter. Le bi 2x12L est attaché pour ne pas écraser le dormeur dans son sommeil.

Ajout mai 2012 - Jeudi 24 mai, Jean-Luc décède dans la vasque d'Estramar. Mes pensées vont à ses proches.

Arrivée sur site le lendemain et installation de la cloche de déco

Départ...
Je ne le sais pas encore mais la plongée ne va pas tellement se passer comme je l'avais désirée. Non pas que je me croyais supérieurement entraîné mais je pensais me connaître assez pour éviter de commettre une telle bourde ! On n'est pas à l'abri de soi-même.

J'ai comme instructions de déposer un 20L de nitrox 50 puis mon scooter au "puit Emmenthal" (ça tombe bien). J'attache comme je peux le gros bloc sur le harnais de mon rEvo (en plus de 2 blocs alu de 10L) et descend au fond de la vasque pour un dernier contrôle de la PPo2. Toutes les cellules (4) ronronnent, à une ou deux décimales près. Je me rapproche du puit d'entrée en tenant d'une main le scooter, l'inflateur de l'étanche et les rochers à distance de l'autre (tout en me gaffant que mon caisson IKELITE ne se fracasse pas sur la paroi au passage). Arrivé à -12m, je prends quelques minutes pour me calmer et attacher la "torpille" à ma sous-cutale. Puis c'est le moment tant attendu: en avant ! Que dire ? Ca "tire" vraiment bien les Silent Submersion ! Un vrai tracteur...Pourtant le passage étroit se fait cahin-caha, plutôt sur les genoux: mon manque d'expérience (c'est la première fois) est flagrant pour conduire ce truc. Et c'est l'arrivée au premier puit...Je dépose ma 20L avec soulagement.

Les HUD me donnent une belle lumière verte, un peu mélangée avec de l'orange. L'attirail que je traîne m'oblige en effet à faire un léger exercice (qui n'aura hélas aucun effet sur mon embonpoint). Pchit ! Pchit ! Je rajoute à intervalles réguliers quelques bouffées d'oxygène. Le vert revient. Seul. Je descends doucement en tendant l'oreille pour capter le fonctionnement du by-pass. Ce qui est sûr, c'est qu'il est plus dur à détecter que celui du Dolphin. La suite de la progression dans ces vastes galeries est un régal en scooter. J'arrive bientôt dans la salle dite du "carrefour". Je me pose sur le sol et allume mon phare 50w HID pour tenter de réaliser quelques photos.

Le "carrefour" (-36m). A gauche part le fil de la galerie dite du "boulevard".
Après quelques minutes de clichés ratés, je vois une lumière. David arrive en scoot'. Il me fait signe de lui passer le mien et disparaît au loin, mon jouet entre ses jambes. Et bien, voilà ! Les consignes ont dû changer chez "ceux de la surface". Encore un méfait de la hiérarchie ! Il ne reste qu'à faire comme les fantassins, aller à "pédibus" (sed palmicus).

Je progresse dans le "boulevard" et arrive devant un puit de belle taille, le fameux "Emmenthal". J'éclaire les parois, le plafond (haut). Le spectacle est magnifique. Puis, lentement, je descends. Mon héliox 16/84 un peu trop riche appelle le rouge du HUD dans l'arène. Pas grave. De drôles de bruits dans mon dos (un "glouglou" bien classique) m'inquiètent plus. Je suspecte une entrée d'eau et dans un recycleur, c'est pas la joie ! Comment ? Aucune idée. Pris dans le faisceau de la lampe de mon casque, je distingue au même moment une myriade de petites bulles s'échapper de ce qui pourrait être mon embout Dräger. L'aurai-je coupé sur la roche ? Un joint défectueux ? Mystère. Le Vr3 affiche déjà plus d'une heure de déco. Merci Dr Bühlmann ! Doutant de la fonctionnalité future de ma machine et estimant être arrivé à la limite de sécurité que représente mon bailout, je m'arrête à la base du puit à -49m. Je regarde le fil continuer dans une galerie mais ce sera pour une prochaine fois. Mon ex-scooter est posé, là. En sécu. Dans l'attente du retour de Jérôme. Aucun bruits de bulle. David est plus loin.

La cloche-poubelle de déco, installée et conçue par Jean-Luc

Le retour se fait avec une angoisse modérée. J'ai assez de bailout pour faire face à une noyade mais l'idée ne m'enchante pas beaucoup (comme beaucoup de personnes probablement. Je me reproche de n'avoir fait un contrôle de pression des sacs qu'à "l'oreille". Le chapelet de bullettes virevoltantes devant mes yeux est toujours aussi fourni. Mais qu'est-ce qui peut bien causer cette fuite ? J'ai beau loucher à fond et tourner des yeux comme un mérou, je ne vois rien. Le bruit d'eau est toujours là. Je vérifie l'affichage des cellules car cette noyade que je soupçonne devrait les affecter, surtout dans une eau saumâtre. RAS. Je suis dubitatif. Arrivé devant l'entrée de l'étroiture à -20m, une idée bizarre me vient en tête. En y réfléchissant bien après coup, c'était un truc absurde surtout fait de cette manière, mais sur le moment ça m'a semblé fort logique. Le rEvo possède une purge basse dans le poumon d'expiration. S'il y a de l'eau, je pourrai la faire sortir. J'injecte alors non pas du diluant mais de l'O2. Et je souffle pour créer une surpression dans les sacs. Je fais ça deux ou trois fois avant de voir un très beau et inquiétant ballet de leds rouges clignoter devant mes yeux. Je regarde les écrans des rEvodream: 2,4 de Ppo2 ! Oups ! Quel con ! Je rajoute en catastrophe du diluant. Petit montée d'adrénaline...Le mélange se re-stabilise à 1,3. J'arrive doucement aux paliers de -12m à côté de la cloche de déco sans trop comprendre comment mon recycleur fonctionne encore.

Un puit de lumière donne l'irréelle impression d'être au Yucatan
En contemplation devant les jeux de lumière, je croise Jérôme en partance rapide pour le fond. J'ai déposé mon casque et sa batterie par confort.

C'est enfin la lente remontée pour finir les derniers paliers de -6m dans la vasque.

Un dernier petit coup d'oeil à David avant de sortir
Je me déséquipe rapidement, curieux d'ouvrir le capot pour voir l'état - sûrement horrible - des filtres. Rien ! Zéro ! Que dalle ! Un peu de condensation, certes, mais à peine de quoi remplir un ou deux dés à coudre ! Je me suis fait un film tout seul.Les bruits ? Les poumons du rEvo lors d'un changement important de position (à plat/vertical). Manque d'habitude. Et les bulles devant mes billes ? Une fuite dans mon masque (je venais de changer les verres). De retour à la surface, Jean-Luc a sorti les réserves de survie et c'est sous la timide ombre d'un arbre, entre deux voitures, que nous dégustons les classiques de la gastronomie spéléologique: pain, saucisson et...eau plate. De l'eau ? Non, là y'a qqch qui cloche :)) Le temps passe. Le run-time prévoit d'aller à la rencontre de Jérôme à T + 4 heures. Ce rôle me revenant, je commence à rassembler mon matos. A T + 3h30, je remarque un plongeur aux paliers dans la vasque mais ça n'était pas prévu pendant la journée. Jérôme ne tarde guère à faire surface. En cause, une purge de surpression sur le 1er étage d'un détendeur d'un de ses blocs externes de diluant. Estramar conservera encore quelques temps un peu de son mystère...

 
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